Pepina s'emmerde...
...Pepina vous emmerde...Pepina cogite...
En ce moment pour une raison qui serait indélicate de vous expliquer sur un blog, j'ai beaucoup de temps pour réfléchir. Du coup je repense à ma vie, et surtout à moi, et en moi un truc qui me dérange, me pèse, mon corps... faut dire qu'il pèse...
Et je me balade de forum en forum, découvrant la bêtise, l'ignorance et la peur... Pas des gens que j'ai lu, mais des gens que ces personnes ont croisé.
Par où commencer? En fait je vais vous parler de moi et de ces gens qui pratiquent cette magnifique profession qui est la médecine, vous savez soigner les gens, sauver des vies, ne garder qu'un regard scientifique sur le malade, sans tomber dans toute sorte de préjugés...
Je vais vous parler de moi, une fois n'est pas coutume ! ( bah oui hein en même temps j'ai toujours annoncé la couleur je suis mon sujet de discussion préféré.)
Figurez-vous que je suis obèse. Je n'ai pas trop vu la chose arriver, quand je rentrais dans un 44 je souffrais, dans un 46 je ne me sentais pas tip top, aujourd'hui dans mon 50 et mon tout petit mètre soixante je tente d'être une femme épanouie. Seulement voilà, mes douleurs, mes peines, mes déceptions se logent dans mes hanches, dans mes seins...Et la balance semble être la seule qui sait m'indiquer comme j'ai mal parfois de vivre. Mais bon j'ai pas envie de vous dire comment que je ne suis pas si drôle que ça et comment souvent les larmes mouilles mes joues. Et puis j'ai pas envie qu'on me dise mais t'es jolie Pepina, t'as un charme fou etc... Je le sais que je suis irrésistible.. n'insistez pas :) BREEEEEF
Sauf que beaucoup de gens ne voient pas ça comme ça. J'ai eu la chance de tester de gentilles gynécologues, la quarantaine battante, un magnifique 38, qui m'ont fait comprendre que mon poids posait problème.
Un monsieur de la médecine du travail, dans ma charmante ville de banlieue au nom d'un oiseau symbole de la paix, m'a dit " ce n'est pas parce que vous êtes grosse qu'on va vous empêcher de travailler", pour m'expliquer que malgré tout il signait ma fiche comme quoi j'étais apte à travailler...Il aurait aimé que j'ai le souffle court, le coeur un peu rapide, mal au dos... Manque de bol mon corps malgré tout semble s'adapter.
Mais surtout cette sublime femme gynéco de l'autre ville de banlieue plus bourgeoise, qui m'a dit "je vous interdis de tomber enceinte, avec votre poids ce sera impossible", et à la fin du rendez-vous, elle m'a regardé d'un air tout surpris, et m'a dit " mais votre compagnon vous accepte comme vous êtes?Il ne vous pousse pas à maigrir?"
C'est bête, peut-être cela vous paraîtra disproportionné, mais dans mon parcours à la fac j'ai eu la chance de croiser une jeune fille aveugle qui se démerde très bien et qui doit montrer tous les jours à des gens qui voient à quel points ils n'y voient rien, j'ai vu comment vivaient des sourds, dans ce magnifique antre de l'éducation qu'est l'iufm on m'a parlé de handicap... Et c'est drôle hein mais je me sens assez proche des personnes à qui l'ont dit posséder un handicap. Et ça me perturbe beaucoup cette histoire.
Souvent j'y pense, et je me dis que le handicap n'est pas celui de la personne qui ne voit pas, n'entend pas, doit se déplacer avec un fauteuil roulant, mais plutôt des autres qui n'ont pas tout ça et sont incapable de s'adapter à des gens qui ont des quotidiens différents des leurs.
Alors peut-être que c'est exagéré. Mais quand je me sens mal sur ces mini strapontins du métro, quand des gens me regardent avec des yeux noirs parce que oui en effet mon cul déborde sur leur siège, quand je souffre dans des mini toilettes, quand je passe difficilement dans les couloirs du train, bah je me dis quand même que ce monde est pas très adapté à ma personne...
Et pourtant je ne suis pas seule.
Mais c'est gens qui me font des remarques sur mon poids, surtout ces médecins qui aimeraient que je sois stérile, diabétique et cardiaque, bah ils ne s'imaginent même pas comment je me suis sentie, quand un après-midi, en allant prendre mon bus, après une journée de stage dans un lycée de Neuilly sur Seine, des jeunes ados qui devaient sortir du lycée en question mon crié " oui c'est ça casse toi la grosse".
Et c'est drôle hein, mais chaque victoire dans ma vie, chaque bonheur, j'ai l'impression qu'il est volé, parce qu'une fille comme moi ne mérite pas tant de joie et d'amour.
Et je voudrais juste dire, si des demoiselles me lisent et se reconnaissent dans ce que je raconte, et bien n'hésitez pas à dire merde à tout ces gens que le bonheur des autres dérange, que la différence perturbe, ces gens dont le plus important moteur de vie est la peur.
Alors j'espère juste que je saurai être une mère sereine et heureuse, et que le petit bout qui un jour pensera que je suis la plus belle maman du monde n'aura pas trop de mal quand même à avoir une maman pas tout à fait dans les normes, et que peut-être les mentalités auront changé mais j'y crois pas trop...