Démissionner de l'éducation nationale
Avertissement :
J'espère qu'avec ce titre je pourrais rendre service à ceux qui veulent démissionner et qui ne trouvent pas les infos nécessaires.
Ce message risque d'être long et chiant, à vous de voir.
Je vous avais prévenu, il allait y avoir du changement par ici.
Aujourd'hui j'ai annoncé mon intention de démissionner. Lundi ma lettre sera entre les mains de mon chef d'établissement.
Cette décision est irrévocable, je dis ça au cas où, y en a toujours un pour dire " mais t'es sûre Pepina? et tu vas faire quoi après?"
Les raisons :
La plus bête et la moins important : ras le bol de pleurer je vais finir d'achever l'Amazonie. En réalité ceci était un symptôme de mon mal être.
Mais mal être de quoi? pourquoi? Mais que ce passe-t-il? Mais qu'est-ce qui se passe?
Je ne suis pas faite pour travailler avec le public adolescent. J'avais eu déjà une première expérience peu concluante, et ça se confirme, j'aime ça moyen moyen. J'ai fait mes études de langue, et en particulier ma maîtrise de FLE, dans l'intention d'enseigner à des adultes motivés une langue. Manque de bol des profs, pleins de bonnes intentions, m'ont conseillé de passer le CAPES, et maline comme je suis, je l'ai eu sans trop faire exprès.
Ensuite, je tiens à ma santé psychique. (Pas de commentaires désagréables s'il vous plaît je sais bien qu'au yeux de certains je passe pour folle, mais non! j'ai toute ma tête!)
Et finalement, le plus important, je ne veux pas être fonctionnaire. Et oui! Parce que je vous l'apprends peut-être mais un prof est un fonctionnaire de l'Etat, et par conséquent est obligé de suivre un certain nombre de règles, doit agir d'une certaine façon. Par ailleurs dans Education nationale y a "nationale" et donc, à ce titre il peut être envoyé dans tout endroit de la France sans trop avoir son mot à dire. Et l'air de rien ça compte.
Mais qu'est-ce qu'elle nous fait chier Pepina encore, avec ses caprices! Bah non! c'est plus important.
Etre fonctionnaire implique un certain nombre de compromis, qui parfois riment avec compromission. Et votre Pepina est bourrée de principes... J'ai un certains nombre de valeurs qui font que pour moi , le consensus est très difficile, voire n'existe pas, parlez-en à mon Breton. Ainsi, j'étais foncièrement malheureuse à l'idée de devoir accepter un certain nombre de choses. Ce commentaire fonctionne pour la boîte que je quitte mais pour le fonctionnement de la société en règle générale.
J'ai besoin de pouvoir me regarder tout les matins dans un miroir et de m'y reconnaître, d'être sûre que je fais tout pour être heureuse, que je suis cohérente avec moi-même.
Dans l'Education nationale, je m'éteignais tout doucement.
Le papillon que je suis devenu, a des ailes un peu encombrantes, et dans ce lieu elles étaient à l'étroit.
Alors comme je veux décider d'où je veux planter ma tente, choisir d'être irréprochable ou pas ( parce qu'un fonctionnaire se doit de l'être, et qu'il semblerait que pour certains, on est fonctionnaire "même sur la plage" je refuse. Cette notion d'irréprochabilité me paraît bien trop floue), d'être libre de dire ce que je veux, d'écrire ce que je veux, de partir en vacances en janvier pour profiter de l'été chilien, de ne pas faire des comptes d'apothicaires pour savoir si un enfant me rapportera les points nécessaires pour quitter cette belle capitale, que JE VEUX, essayer au moins, de vivre en Bretagne ( ce qui à l'Education nationale, soyons sérieux deux minutes, est de l'ordre de l'inaccessible étoile), je pars.
Cela peut sembler fou, inconscient, ridicule, mais sachez que je le fais en total accord avec moi-même.
Il y a des gens vraiment bien dans l'enseignement, j'en ai croisé pas mal. J'ai hélàs eu aussi à faire à la médiocrité de certains, qui trop souvent ont un certain pouvoir de décision. Ceux que j'ai apprécié, j'espère continuerons à lutter pour ces valeurs qui nous sont communes, à construire nos citoyens de demain, et à préserver l'école républicaine.
Mais je doute qu'il y ait de la place pour moi sur ce navire. Et puis d'ailleurs, j'ai tendance à croire que ce navire est bien mal en point, il prend l'eau, alors raison de plus pour le quitter, je ne veux pas participer à ça...
Je continuerai à dire ce que je pense, à lutter, à ma façon certes, mais quand même, pour un certain nombre de choses que je crois justes, pour un nombre important de valeurs humaines, je ferai de mon mieux pour rester droite, intègre, en accord avec ma petite personne, continuer le chemin qui est le mien, que j'ai pris il y a déjà dix ans en quittant le Mexique.
Pour toutes ces bonnes raisons que je viens de citer, et que j'espère ne pas avoir dénaturé, à force de les avoir aujourd'hui répétées, je vais ce week-end rédiger une lettre à Monsieur le Sinistre, sous couvert du recteur d'Académie et sous couvert de mon chef d'établissement, et si mes infos sont justes j'ai un mois de préavis.
Et je peux vous dire que j'ai pas fini de vous raconter mes histoires!
(Madame deKeravel je ne fais pas ça pour faire taire ta mauvaise langue de ton commentaire à propos de ma charmante note sur Bruxelles!)